Guy2Bezbar

À l’évidence, Guy2Bezbar est de ces artistes qui ont de la suite dans les idées. Dès la sortie de Coco Jojo, en 2021, il est ainsi persuadé que son deuxième album se nommera Ambition, un mot qui lui colle à la peau, qu’il répète souvent, moins par prétention que pour se donner de la force. Hasard ou non, ce terme est également utilisé par deux artistes qu’il apprécie : Wale et 2Pac. Ambition fait donc sens avec ses goûts, essentiellement puisés dans le rap américain et les musiques congolaises, avec son envie de ne pas répéter, d’aller toujours plus haut, mais aussi avec sa nouvelle vie : celle d’un homme qui a fait le choix de ne pas choisir entre l’art et le football.

À 25 ans, Guy2Bezbar partage en effet son temps entre sa musique (les sessions de studio, les concerts, les tournages de clips, etc.) et les séances avec son club d’US Ivry Foot, en N3, à raison de quatre entraînements par semaine. Le plus beau, c’est que le Parisien mène cette double vie que tout semble opposer le plus naturellement du monde, conscient de trouver dans le sport la rigueur, la discipline et l’altruisme nécessaire à sa musique.

Perceptible au quotidien, ces deux passions sont entremêlées au sein d’Ambition, un deuxième album tout en énergie et en démonstration de force, né dans la foulée des sessions organisées à Londres et à Los Angeles pour les besoins du projet commun avec Leto (Jusqu’aux étoiles), et ouvert par un titre lourd de sens : « Victory », où des chants de supporters se font entendre avant qu’une production puissante, ouvertement charismatique, ne vienne donner de l’épaisseur aux propos de Guy. « Je me dois d’être meilleur que les autres, c’est pas ma faute à moi, c’est la compétition », rappe-t-il, la voix pleine de certitude.

C’est que l’ambition n’est pas seulement un thème : c’est avant tout un état d’esprit, une manière de repousser sans cesse les limites, de ne jamais se reposer sur ses acquis. Si « ADN », « A.P » ou « Tout l’été », le premier single, s’inscrivent dans le prolongement de ses précédents morceaux, Guy2Bezbar a ressenti sur Ambition le besoin de poser sur d’autres types de production, de travailler avec d’autres compositeurs (Junior Alaprod, les Narcos et Spike Miller, notamment), d’aller encore plus loin dans la confession. D’où ce séminaire de plusieurs jours organisé à Saint-Tropez l’été dernier. D’où ces morceaux enregistrés aux côtés de Josman, SDM, Koba LaD ou Jey Brownie. D’où cette envie de proposer autre chose que des morceaux d’ambiance, uniquement portés par des gimmicks – aussi efficaces soient-ils. D’où ce « Pas de remords », placé en conclusion et caractérisé par son approche émotionnelle, son texte introspectif et cette façon de se livrer qui touche à l’intime.

Ce besoin de se raconter, Guy2Bezbar dit le ressentir au vu des nombreux évènements qui ont chamboulé sa vie ces dernières années. Il y a eu son disque d’or et son déménagement de Barbès. Il y a désormais cette double carrière à mener, ce quotidien qui ne laisse que peu de temps aux loisirs et ce statut de poids lourd du rap français à assumer. Tout cela est d’ailleurs intelligemment résumé par la cover, où Guy court sur les Champs-Élysées, escorté tel un président par les forces de l’ordre. Ce ne pourrait être qu’une mise en scène, c’est au contraire l’illustration parfaite d’un artiste qui ne compte pas s’arrêter tant qu’il n’aura pas conquis les plus hautes sphères.